Pourquoi l’Occident doit abandonner le JCPOA et se concentrer plutôt sur ses objectifs diplomatiques critiques


Les négociations visant à rétablir l’accord sur le nucléaire iranien sont au point mort.

Après quinze mois de va-et-vient diplomatiques, l’Iran refuse de signer tout accord qui n’inclurait pas également la radiation du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) en tant qu’organisation terroriste étrangère.

Pendant ce temps, l’Iran exploite ce temps volé pour se rapprocher de plus en plus du développement d’une capacité d’armes nucléaires, ce qui rendrait tout accord futur édenté.

L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis semblent avoir reconnu le désespoir de la situation actuelle après avoir co-écrit un projet de résolution de censure visant à réprimander formellement l’Iran pour ne pas avoir répondu aux questions de longue date de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur les traces d’uranium sur les sites nucléaires non déclarés.

Luttant déjà pour rassembler et rassembler l’énergie politique nécessaire pour dissuader l’agression de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, en grande partie grâce aux sympathies idéologiques néfastes d’États membres voyous tels que la Hongrie de Viktor Orban, l’UE ferait bien de faire de même.

Plutôt que de continuer à faire pression en faveur d’un accord qui serait irréalisable dans la pratique et qu’aucune des deux parties ne peut même accepter en principe, il est temps que nous redéfinissions les priorités de nos engagements géopolitiques et abandonnions les négociations jusqu’à ce que Téhéran soit prêt à devenir un membre responsable de la communauté internationale.

Il devrait maintenant être clair qu’aucune diplomatie douce ne convaincra le régime iranien d’abandonner son programme nucléaire en bloc. Le mieux que nous puissions espérer faire est de travailler délibérément et avec diligence pour les priver des ressources dont ils ont besoin pour faire avancer ce programme et leurs autres activités malveillantes non nucléaires dans un délai imminent.

Les arguments en faveur d’un retour au Plan d’action global commun (JCPOA), alias l’accord nucléaire de 2015, sont encore plus faibles aujourd’hui que lorsqu’il a été conclu pour la première fois.

Il est important de noter que les clauses de temporisation intégrées dans l’accord initial, selon lesquelles les restrictions limitées dans le temps au programme nucléaire iranien sont déjà écoulées et devraient être levées progressivement au cours des prochaines années. Le mécanisme de sanctions anticipées en vertu de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU expire en 2025. L’accord relancé devrait conserver ce calendrier dangereux, donnant à l’Iran une voie courte, claire et légale vers une bombe nucléaire.

Le contexte géopolitique plus large a également radicalement changé depuis 2015. L’invasion de l’Ukraine par la Russie et le régime de sanctions qui a été rapidement érigé pour punir Moscou signifient que Poutine cherche désespérément des alliés. La République islamique, qui considère le régime de Poutine comme un partenaire de complaisance, est prête à commercer avec la Russie si et quand son propre régime de sanctions est démantelé. La levée des sanctions contre l’Iran à ce stade ne ferait que jouer le jeu de Poutine et alléger la pression sur l’économie russe, car le Kremlin cherchera à utiliser l’Iran comme une plaque tournante de l’évasion des sanctions.

En attendant, tant que nous resterons engagés dans ces négociations insolubles, des innocents continueront de souffrir.

Pas moins de deux douzaines de citoyens binationaux, dont 15 Européens, sont toujours en captivité dans les prisons iraniennes, en violation totale du droit international. Ces individus ont souffert de manière indicible aux mains du régime, étant souvent soumis à des procès-spectacles humiliants, avant d’être isolés, torturés et affamés pendant de longues périodes. Une année de diplomatie douce n’a rien fait pour améliorer leur situation.

Nazanin Zaghgari Ratcliffe, détenue depuis 6 ans, n’a été libérée qu’en mai, à la suite d’énormes concessions du gouvernement britannique et après que la double citoyenne irano-britannique ait été forcée de signer un dernier aveu humiliant et faux. Depuis lors, le régime a annoncé son intention d’exécuter le médecin suédo-iranien Ahmadreza Djalali. Le JCPOA, tel qu’il est actuellement constitué, ne fait rien pour freiner la politique inhumaine de téhéran de diplomatie des otages.

En effet, les choses ne semblent qu’empirer en ce qui concerne les violations des droits de l’homme commises par l’Iran. La semaine dernière, une mine choquante de documents classifiés a révélé que l’Iran avait condamné à mort 51 personnes par lapidation pour adultère. En d’autres termes, les victimes auront des pierres lancées sur leur tête alors qu’elles sont piégées dans le sable. Le JCPOA ne fait rien pour remédier à ces violations épouvantables des droits de l’homme.

L’idée que l’Occident devrait transformer la radiation du CGRI en un accord déjà défectueux, qui a des angles morts aussi flagrants, est répugnante.

En tant que première institution militaire de la République islamique, relevant uniquement du Guide suprême et possédant une énorme influence sur la vie politique et économique iranienne, le retrait du CGRI est un sommet priorité pour Téhéran. Mais les puissances mondiales ne sont que trop conscientes de l’influence néfaste que le CGRI exerce, à la fois en termes d’oppression intérieure et d’ingérence étrangère. Washington, Londres et Bruxelles se méfient à juste titre de la suppression de l’étiquette terroriste du CGRI.

La vérité est que seules de nouvelles mesures multilatérales sévères du type de celles infligées au régime de Poutine sont susceptibles d’amener l’Iran au point de faire de sérieuses concessions. Il ne devrait pas y avoir d’allègement des sanctions simplement pour récompenser la négociation; l’Occident doit d’abord voir les résultats.

Le régime iranien doit être soumis, avec effet immédiat, aux sanctions internationales les plus sévères possibles. Il ne s’agit pas d’un régime de sanctions qui peut être mis en œuvre unilatéralement par les États-Unis, mais qui exige l’engagement et la solidarité de l’ensemble de la communauté internationale, y compris l’Europe.

Une position aussi claire et intransigeante est le meilleur espoir que nous ayons de faire en sorte que l’Iran cède à de sérieuses concessions qui peuvent résister à l’épreuve du temps. En attendant, l’abandon de l’accord apportera une réinitialisation bien nécessaire de la politique transatlantique de l’Iran, qui a été paralysée par un désespoir de sauver un accord qui risque fort de s’effondrer à nouveau après la prochaine élection présidentielle américaine.

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